« […] Sur le continent africain et dans ses diasporas, la performance est un art de l’extrême diversité. Elle est une hybridation des arts plastiques, des arts numériques, du land art qui amène l’artiste à performer en agissant sur l’espace. Parfois elle émane des arts du mouvement ; en cela elle est influencée par divers courants allant de la danse contemporaine au hip-hop ou la street dance. Les gestes des performeurs peuvent trouver leur ancrage au sein des formes d’action spirituelles ou ésotériques (fragments de rituels bamilékés chez le performeur camerounais Snake, par exemple), aussi bien qu’au sein du quotidien (Eddy Ekete, République démocratique du Congo ou Ntsoana Dance Company, Afrique du Sud). Certaines performances trouvent également leur signification dans un contexte d’oppression (dictature, mise sous tutelle économique, pillage des ressources aux mains du grand capital extractif, retour sur l’histoire coloniale et ses conséquences contemporaines, violences faites aux corps genrés…) ; on pense là, notamment, au travail de Jelili Atiku (Nigéria), au collectif kinois Kongo Astronauts.
Les liens intimes entre les arts de la performance et le politique dans les Afriques d’aujourd’hui sont à replacer dans un contexte plus large, celui de l’histoire de l’art du continent dans son ensemble. Littératures orales et écrites, données linguistiques, fouilles archéologiques et analyses de sites architecturaux mettent en lumière la richesse et la variété des intersections entre art et politique à l’échelle du continent. Ici comme ailleurs, les pratiques artistiques ont été instrumentalisées pour construire le pouvoir, mais aussi pour s’y opposer. Un foisonnement de vocabulaires – de formes, de mots, de gestes – en mutation constante le souligne et met en exergue l’imbrication fondamentale entre mobilisation et production artistique. » Dalila Boitaud et Julie Peghini
Lors de ces deux jours de stages, premier volet du cycle 2023 intitulé Écritures francophones et espace public, les participant·e·s aborderont les questions liées à l’art performatif dans l’espace public, de manière à la fois théorique et pratique, en se basant sur les textes du projet En langueS françaiseS qui sera créé aux Zébrures d’automne 2023 par la compagnie Uz et Coutumes.