Cette lecture, poème-concert, est une histoire qui arrive par la mer, sous le son rond du balafon, sur les vibrations d’une guitare et des percussions ; entre voix susurrée ou clamée. C’est une traversée au fond des cales, qui mène en territoire français mais pourtant bien autrement étranger ! C’est une histoire emprunte d’esclavage, de migrations, de terre perdue ou retrouvée, de corps exilés. C’est l’oralité habitée d’un « maillage » des peuples, c’est une culture créole portée à nos oreilles.
Kozé an Shanté partage cette culture créole « polennisée » par de nombreuses autres à travers la langue créole dans son étrange mélange au français et autres influences, dans son inventivité et son imaginaire… Portant sur scène la poésie d’auteur.e.s contemporain.e.s de l’Île de la Réunion, ce sont les idéaux de son peuple, ses combats, ses déroutes, mais aussi tout l’amour et toute la fierté d’être qu’il porte que Kozé an Shanté transmet en voix et en musique.
Pour ce projet, Nelly Cazal est accompagnée du musicien et chanteur Ousseynou Mangane, lui-même nourri de multiples influences tant pour ses compositions que dans ses textes, chantés en wolof ou sérère.
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Intention
Les auteur.e.s réunionnais.e.s existent, ils sont actif.ve.s. Auteur.e.s de poésies, de nouvelles, de romans… toute une littérature variée contemporaine qui est très peu mise en valeur. L’histoire du peuplement de l’île, les stigmates de son passé d’esclavage, les vagues de migrations liées au commerce et aux différentes cultures de café, de canne à sucre, la musique traditionnelle « le maloya », le « maillage » dans sa population, dans sa langue, les nombreuses pratiques rituelles et religieuses… la colonisation, et aujourd’hui la mondialisation… Tous ces sujets habitent cette littérature ! Ses auteurs contribuent à nourrir le patrimoine culturel artistique et littéraire non seulement de l’île, de l’océan Indien mais de la France et même du monde.
La langue créole traverse les générations. Elle n’a de cesse d’évoluer au fil du temps, des usages et des rencontres. Aujourd’hui, elle a de plus en plus sa place dans les lieux dédiés à la culture, dans le milieu institutionnel, dans la vie, à l’école où elle tend à faire partie du programme. Il existe des départements universitaires de recherche et d’analyse de son histoire et de son évolution. Elle est de plus en plus entendue à travers la musique de nombreux grands artistes locaux qui s’exportent internationalement. Elle gagne petit à petit le terrain de reconnaissance qui lui a été longtemps interdit. Notons par ailleurs que l’île est non seulement classée pour son patrimoine historique, pour la beauté de sa nature, pour la rareté de son écosystème mais aussi pour sa musique traditionnelle, le Maloya, patrimoine immatériel de l’UNESCO. Maloya, fondement de cette culture créole, source intarissable de poésie !