Pièce hip hop pour 16 danseurs
Dans la continuité de Prière pour un fou, Les Corps étrangers, ou The Roots, tout en s’éloignant des recherches de ses précédents spectacles, Kader Attou poursuit son exploration chorégraphique du corps hip hop avec OPUS 14.
Loin du show auquel on l’associe, le hip hop se fait ici poésie, sensualité et s’inscrit un peu plus encore dans l’histoire et dans le répertoire de la danse.
Seize danseurs d’excellence, hommes et femmes, tous porteurs d’une étourdissante énergie, d’un souffle puissant, se jouent de la gravité en mêlant intimement un hip hop poétique, fragile, sensuel et un hip-hop de la virtuosité. Dans OPUS 14, Kader Attou revient aux sources de sa danse, développe l’idée de masse. Il dessine des lignes de force où les corps, la scénographie, la musique forment de véritables tableaux vivants. Les images se suivent comme dans les romans graphiques qui nourrissent la poésie de Kader Attou : Blast de Manu Larcenet, Seul de Chabouté, et surtout Là où vont nos pères de Shaun Tan, roman graphique muet, poétique, politique. Tout comme ce dernier, OPUS 14 tient par la force des images et se veut un hommage au plus faible, une ode à l’humanité dansante.
Le corps de ballet se matérialise ici. Les danseurs, ensemble, deviennent un corps, félin, dansant, malléable, tout en mettant en valeur les individus dans ce qu’ils ont de différent. Cette notion d’individualité dans le groupe, dans la masse nourrit la démarche du chorégraphe. Dans le frottement des différences, dans la reconnaissance des similitudes, des parentés du geste et des énergies, la communauté dansante se déploie, l’émotion et le sens surgissent. Surgit alors une mélancolie, comme le retour sur soi d’un art arrivé au sommet de son raffinement, conduit à l’abandon de la puissance.