Spectacle en créole martiniquais surtitré en français
CCM Jean Gagnant
Samedi 6/10 à 17h
Il ne faut pas défendre le créole pour des raisons politiques mais le saisir comme un gisement de connaissances.
Patrick Chamoiseau
Deux amis de longue date se sont éloignés.
La cause ?
Elle demeure incertaine.
Peut-être une certaine façon qu’aurait eu l’un de prononcer « C’est bien, ça ! », avec un ton… condescendant, alors que son ami se vantait d’une réussite personnelle. Les deux personnages, dans une véritable joute verbale, s’attachent à dire et à comprendre d’où vient ce mal, cherchent les mots et les explications de leur fâcherie. Qu’est-ce qui fait que l’on se fâche pour un oui ou pour un non ? Nous avons tous vécu cette dispute, prononcés ces mots, entendu ces silences. Nous avons blessé et nous avons été blessés avec ces mots. Mais le silence est pire.
Dans cette pièce, Nathalie Sarraute transmet, avec beaucoup d’humour et de finesse, la difficulté à nommer, l’impuissance à trouver le langage de l’indicible, des sensations, des ressentis… des malentendus. Ces « non-dits » qui nourrissent les relations entre les individus. Un arrière goût, une petite chose indéfinissable qui finit par occuper nos pensées, sans que nous n’osions très bien nous la formuler mais qui finit pas empêtrer ou réjouir notre vie quotidienne.
Patrick Le Mauff a choisi de faire entendre les mots de Nathalie Sarraute en langue créole avec une belle traduction de Bernard Lagier. Il voulait retrouver cette sensation diffuse et presque imperceptible, cette relation particulière entre le public et le texte qu’il avait pu ressentir en Martinique lorsque certains spectacles incrustaient des répliques en créole martiniquais. En écho au questionnement de la pièce, à la difficulté de se comprendre, il a voulu faire entendre ce que Nathalie Sarraute a exprimé toute sa vie, transmettre une expérience de vie et de recherche. Il a choisi pour cela de rendre hommage à cette langue, qui comme toute langue, ouvre des territoires de pensées et de partage.