Théâtre / Musique
CCM John Lennon
Mardi 2/10 à 20h30
Mercredi 3/10 à 20h30
« Faire acte poétique en prenant la voix et le plateau, ramener d’autres complices pour dire ce monde scandaleux, notre monde, d’aujourd’hui, d’hier déjà… » Raharimanana
Un personnage, entre les eaux et le ciel, parfois oiseau, souvent noyé/nageur. Il va vers, ou peut-être qu’il fuit… on dit qu’il migre. Appartient-il à une terre, à un pays ? Mais il n’y a plus de pays depuis que les dirigeants ont tout vendu, l’eau comme l’air, les dessous de terre comme les frontières, les dessous du ciel comme les horizons.
Un personnage, entre les eaux et le ciel, parfois rêve, souvent utopie/illusion. Il va vers, ou peut-être qu’il dérive… on dit qu’il envahit. Il converse avec son double noyé dans l’ombre et l’obscur : « Je suis de la horde des voleurs de songes, je suis de la horde des ripailleurs de voix, je suis de la horde des orpailleurs d’histoire, je ne suis pas, je suis, je ne vis pas, je vis, je n’existe pas, j’existe, je ne vis pas, je vous vise, je n’existe pas, je vous exige (…) »
Le personnage se multiplie dans toutes les voix d’un refus, d’une résistance, d’une renaissance. Il est parfois simple chant, parfois simple pulsation, simple murmure, parfois le vide.
Ce spectacle sans concession, d’une liberté totale étire des fils invisibles entres les artistes sur scène et le public. Fabriqués en mots, en musiques, en paroles, en grincements, en chant, ces fils nous électrisent et on voudrait crier avec eux notre indignation devant l’absurdité du monde, joindre nos résistances et nos espérances aux leurs et danser dans une joie désespérée, comme si c’était la dernière fois, comme si on n’avait plus rien à perdre. Auteur du texte, Raharimananaen est la voix principale, reprenant la grande tradition des poètes-diseurs. La voix de Géraldine Keller, lyrique, se dédouble du poète et se fait chant, cherchant ce mystère des corps qui écoutent, faisant vibrer nos sensibilités parfois trop fagotées par la raison. Tao Ravao est racine, à travers des instruments traditionnels malgaches, des rythmes millénaires, une partition directe, symbolisant la force d’une terre ancrée. Jean-Christophe Feldhandler, avec ses percussions est l’océan et le mouvement continu, contenu en vague, agité dans la houle et les vents. Ensemble ils reprennent la tradition malgache des maîtres de la parole : reprendre voix et musique sur le récit du monde.
Entretien avec Raharimanana pour "Parfois le vide"
Création et interprétation Raharimanana, Géraldine Keller, Tao Ravao, Jean-Christophe Feldhandler