Dans le roman d’Atiq Rahimi, la « pierre de patience », « syngué sabour », est la pierre qui libère la parole. Une femme, au cœur de la guerre qui sévit en Afghanistan, se confie à cette pierre. Syngué sabour accueille les secrets, elle délivre du poids des non-dits, des interdits et de la culpabilité engendrés par la tradition ou la religion. Mais la pierre reçoit aussi les récits de joies, d’affranchissements, de jouissance.
Cette pierre, comme le roman, sera le cœur battant de la dramaturgie. Elle sera celle qui reçoit les expériences personnelles à l’origine d’une création, la recherche et les errements, les joies et les doutes artistiques. Il y aura évidemment beaucoup de fiction dans Une Pierre de patience (A Journey Towards a Short Story) mais elle sera toujours basée sur les innombrables anecdotes que nous avons vécues et celles qui nous allons vivre.
Le projet
Pierre de patience est un roman de l’auteur afghan Atiq Rahimí et est également un film plein d’émotions réalisé par l’auteur lui-même. Le roman parle de la difficulté d’être une femme en Afghanistan, de la difficulté d’être une femme à tout moment et comment la capacité, la résilience et le courage, sont capables de créer de petits paradis dans les pires situations même si ces paradis ne durent pas longtemps et sont détruits par les mythes de la religion, de la tradition et de la masculinité. Le texte est une réflexion sur le racisme, la religion, la masculinité et les traditions de notre monde occidental. Il met en lumière une femme, et à travers son image, son reflet, il nous montre toutes les femmes du monde y compris celles de l’Occident où tout apparaît écrit pour qu’elles puissent jouir d’une liberté totale, sans oppression... De la découverte de l’auteur, du roman et du film, et aussi de la phrase de Jean-Claude Carrière selon laquelle Pierre de Patience ne peut être adaptée sur scène au théâtre, est venu l’idée du spectacle. En développant « le chemin » qui les ont porté à essayer d’adapter au théâtre Pierre de Patience d’Atiq Rahimi, Clara Bauer et Ximo Solano ont commencé à penser des scènes et ont décidé d’écrire la structure pour le spectacle à partir de leur propre expérience et de celle des comédien·nes.